mardi 26 juin 2012

"Les femmes se forgent à elles-mêmes les chaînes dont l’homme ne souhaite pas les charger." ~ Simone de Beauvoir

"Il est assez déroutant de constater que, de nos jours encore, certaines personnes s’enferment dans un positionnement moralisateur dès que l’on évoque la question de la prostitution. Un certain héritage judéo-chrétien (la chair relève du pêché) et un ethnocentrisme bien ancré dans les consciences ne sont pas pour rien dans cette approche répandue au sein de la droite conservatrice, bien entendu, mais également et dans une large mesure à gauche.
Ces personnes considèrent en quelque sorte que le corps est sacré et que, subséquemment, l’acte sexuel l’est soit tout autant (la rencontre de deux corps sacrés ne peut qu’être sacrée), soit il constitue une souillure voire une dégradation du corps (le péché de luxure, évoqué plus haut). Dans les deux cas de figure, toute pratique sexuelle tarifée, même consentie, est alors jugée indigne (soit parce qu’elle viole le sacré relatif à l’acte sexuel lui-même, soit parce qu’elle « profane » le corps sacré). La personne qui se prostitue est de ce fait perçue nécessairement comme une salope (une tentatrice, une corruptrice) ou une victime (qui d’un proxénète, qui de la société, qui d’une aliénation économique quelconque, etc.), tandis que le « prostitueur » (i.e. le client selon la terminologie d’un certain féminisme) est un dépravé, un salaud obscène, voire un pervers ou un malade.
S’il on suit cette logique jusqu’à son terme, le seul modèle valable serait donc le prohibitionnisme, c’est-à-dire l’interdiction totale de la prostitution, pratique condamnée moralement, par le biais de la pénalisation non seulement des proxénètes, mais également des clients de la prostitution et des personnes prostituées. Une version plus nuancée de ce positionnement tiendrait d’une forme de néo-abolitionnisme tel que pratiqué dans certains pays nordiques : les personnes prostituées sont alors toujours considérées comme des victimes, et seuls les proxénètes et les clients sont pénalisés tandis que les pouvoirs publics tendent à protéger les personnes prostituées. À mes yeux, ce dernier modèle relève d’une hypocrisie malsaine, voire d’une « politique de l’autruche » qui ne règlera en rien les problèmes inhérents à la prostitution telle qu’elle se pratique aujourd’hui en France : si l’on juge la prostitution moralement répréhensible et contraire aux droits des personnes, la seule position qui nous paraît cohérente, bien que nous ne la partagions pas, est le prohibitionnisme."





(Image: source )

3 commentaires:

BENISSA a dit…

Excellente citation de Simone! tellement vraie...
je me demandais justement ce que tu pensais de cette "idée" de Najat. J'ai pensé qu'il fallait bien qu'elle trouve quelque chose à faire pour justifier l'existence de son ministère.
J'ai beaucoup apprécié cet article que tu nous offres à lire. Il décrit bien les choses, pose bien le problème et ouvre des perspectives.
Il y manque le fait que 80% des prostitué(e)s (il y a en effet beaucoup d'hommes concernés qui ne relèvent pas du Ministère des Droits des Femmes... que va-t-on faire d'eux???) sont des étranger(e)s. Comment va-t-on faire pour leur appliquer notre législation si on en fait une?
Moi je ne suis pas pour l'idée que l'Etat devienne proxénète. Le proxénétisme, qu'il soit légal ou pas, cela revient au même. Les femmes sont libres de faire ce qu'elles veulent et n'ont besoin de personne. Le statut de profession libérale me paraît, (c'est ce que je dis depuis que j'étais gamine) le meilleur qui soit. C'est le seul moyen pour les femmes de décider de leur sort, de gagner ce qu'elles veulent et de ne rendre de compte à personne. Elles le comprennent petit à petit puisque ces professions se féminisent énormément... ENFIN!!!

Claude Bartlett a dit…

MDR! Mais! T'as pas fini de critiquer ma Najat! Elle au moins, a des idées, ELLE! Contrairement à certaines qui abandonnent leurs blogs n'est ce pas??! (boutade)!
Plus sérieusement, je suis d'accord avec toi...les femmes font ce qu'elles veulent...mais voilà, le problème est qu'on arrête pas de leur dire ce qu'il faut faire ou pas faire...(la bourhka par exemple). Ce ministère de la femme devra veiller à ce que les femmes puissent avoir la parole plus souvent et que leurs voix puissent être entendues. Il y a encore beaucoup de problèmes, la prostitution, la violence mais aussi les salaires...
Quand il n'y aura plus 20% de différence de salaires entre les hommes et les femmes dans ce pays, quand les violences faites aux femmes seront correctement sanctionnées, alors là, plus besoin de ministère mais en attendant...t'inquiète, je suis de près ma petite canaille de ministre! ;)

Claude Bartlett a dit…

P.-S. Je suis pour réglementer toutes ces "choses compliquées"...la prostitution, la drogue, l'euthanasie... le côté "obscure" de l'homme a toujours existé et existera certainement jusqu'à la fin des temps, c'est une évidence. Plutôt que de le nier, je préfère que le gouvernement balaye sous le tapis et fasse que ces choses se passent dans les meilleures conditions possibles. Profession libérale pourquoi pas, il faut permettre à celles qui veulent pratiquer librement ce métier de le faire dans de bonnes conditions et il faut parallèlement à cela aider celles qui le pratiquent sous contrainte...
Ah...ma pov Benissa...le bon sens n'est ni de droite ni de gauche...
attendons de voir...