L'amour dans notre monde actuel, ce n'est pas tout...

 

L’amour conditionné dans une société transactionnelle

Dans notre système économique actuel, et plus largement dans une culture consumériste, matérialiste et individualiste, nous n’avons pas été conditionnés pour donner pleinement de l’amour. Au contraire, tout nous apprend que l’amour a un prix — parfois très élevé. Dès lors, incapables d’aimer sans calcul, nous nous étonnons de ne pas être suffisamment aimés en retour.

Pourtant, l’amour n’est ni un objet figé ni une promesse immuable. C’est une émotion, un sentiment vivant, qui évolue avec le temps, l’environnement, les expériences et les désirs. Vouloir bâtir un couple solide implique d’accepter cette réalité : l’amour peut changer d’un jour à l’autre, grandir avec passion, s’affaiblir, se transformer en amitié, ou même disparaître complètement.

Ce constat est souvent perçu comme une menace. Pourtant, il ouvre une réflexion plus profonde sur ce qui constitue réellement un engagement durable. Car au-delà du sentiment amoureux — parfois intense mais fondamentalement instable — existent d’autres dimensions tout aussi essentielles : la complicité, le soutien matériel, physique et mental, l’entraide face à la maladie, au handicap ou aux aléas de la vie. À long terme, ces formes de solidarité peuvent être aussi importantes, sinon plus, qu’un sentiment qui peut s’atténuer avec le temps.

Dès lors, une question se pose : ne serait-il pas plus sage de « signer un contrat » — au sens éthique et humain du terme — avec son ou sa partenaire ? Un engagement clair stipulant que, même en cas d’évolution négative du sentiment amoureux, le soutien mutuel et les avantages matériels resteront dus, autant que possible, à chacun. Un tel accord pourrait alors être considéré comme un véritable engagement.

Dire : « À partir d’aujourd’hui, je te promets de prendre soin de toi pour la vie, même si un jour le sentiment n’existe plus », serait peut-être une forme d’amour plus profonde encore. Un amour qui dépasse l’émotion volatile, incertaine, pour s’ancrer dans la responsabilité, la solidarité et la coopération.

Mais voilà le paradoxe : dans le monde tel qu’il est organisé aujourd’hui, peu d’êtres humains peuvent se permettre ce genre d’engagement. Nous avons été façonnés par un système qui valorise l’égoïsme, la compétition et la peur du manque. L’amour est devenu transactionnel : on donne tant que l’on reçoit, on s’engage tant que cela profite.

Dans une société fondée sur la sécurité matérielle, le partage des ressources et la coopération — comme le propose le Projet Venus — cette vision pourrait radicalement changer. Libérés de la peur de perdre, nous pourrions enfin envisager des relations basées non sur l’échange marchand ou la dépendance, mais sur un engagement authentique envers le bien-être de l’autre. Peut-être alors serions-nous capables d’aimer autrement, et plus profondément.

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