jeudi 9 octobre 2014

Ceci n'est pas le bonheur

Quel effet cela fait d'être sans emploi et de toucher des allocations chômage ? Je peux vous faire profiter de mon expérience personnelle à ce propos, ayant presque 53 ans, j'ai déjà connu le pire et je m'attends à être de nouveau confronté à ce genre de problème un jour ou un autre dans le futur.

Au début, il existe une petite période de confort en effet. On est rassuré par sa famille et ses amis, on a cotisé après tout, pourquoi culpabiliser ? On va vite rebondir, c'est juste une question de ne pas se laisser aller et de persévérer dans sa recherche.

Après quelques mois, que vous ayez activement recherché ou non, si vous n'avez toujours pas retrouvé un emploi le doute commence à s'installer chez vos proches. Là encore, que vous soyez « profiteur » ou non, le regard des autres commence à vous peser. Vous devez vous justifier ou alors faire semblant d'être confiant et de pouvoir réagir à temps. Ce "camouflage" peut durer un certain temps mais selon vos ressources et après presque un an d'indemnité on est vite rappelé à la dure réalité. C'est alors qu'intervient ce que j'appellerai la phase « panique » Même si vous êtes insouciant votre entourage commence progressivement à vous considérer comme un profiteur, un incapable ou ce qui est pire que tout, un pauvre type qui n'a pas de chance.

Au-delà de cette période de panique, vous serrez ignoré et peut-être même totalement abandonné par certains de vos proches. Pour la personne qui soi-disant profite du système, il est maintenant arrivé en fin de droit et doit se contenter de profiter de minima sociaux…
C'est cher payé la fainéantise vous ne trouvez pas ? Vous me dirait, cette personne pourrait avoir une femme vraiment exceptionnelle qui l'aime à la folie et qui l'aide financièrement, ou encore de la famille… Cela existe sûrement mais dans quelles proportions ? Je ne pense pas que cela soit une majorité. A partir du moment que vous décidez d'aider les autres il y a toujours un peu d'abus. Et puis franchement, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de personnes qui décident de se mettre au chômage pour finirent misérables...

Pour celui ou celle qui est de bonne foi par contre, c'est bien le début d'une descente aux enfers...
La panique est passé, maintenant vous êtes de plus en plus isolé, votre entourage se sent mal à l'aise en votre présence et le doute s'empare de vous. Non seulement vous souffrez du regard des autres mais en plus de tous les problèmes financiers que vous devez affronter, vous devez aussi garder de l'espoir encore et encore, et surtout essayer de reconstruire de la confiance en vous… Une confiance perdue depuis longtemps...

Vous êtes maintenant considéré par la société comme étant un chômeur de longue durée…
Vous avez perdu la femme que vous aimiez, votre famille vous regarde avec pitié ou vous ignore totalement, vous avez peut-être encore des amis, à condition que cette amitié ne leur coûte pas trop cher car ils ont aussi leurs problèmes, etc, etc.

Voilà, c'est très court mais j'espère avoir réussi à vous donner une petite idée de ce que cela représente d'être sans emploi et à la merci de la santé de l'économie, d'une nouvelle loi voté par le gouvernement ou d'un populisme égoïste et incorrectement informé sur le sujet. On pourrait écrire un livre ; les angoisses, l'illusion et la désillusion, l'espoir et le désespoir, une perte de confiance terrible, la perte d'estime de soi, le sentiment d'exclusion et l'envie parfois d'en finir…
Je pourrait vous parler de solitude ou d'humiliation, des problèmes de santé liés à tout cela ou encore de la misère sexuelle qui en découle… Il y aurait tant à dire… Personne ne peut imaginer un tel dilemme ; Vous devez retrouver un emploi si vous voulez survivre mais en même temps vous ne pouvez plus chercher tellement que vous êtes abîmé, cassé même par des années et des années d'exclusion…

Alors me dirait vous, c'est quoi la solution ? Eh bien pour moi qui suis social libéral, la solution est très simple…
Il nous faut conserver nos minima sociaux, ce système est une fierté de la république et un progrès pour la civilisation. En ce qui concerne les allocations de chômage la personne devrait toucher 90 % de son salaire pendant un an éventuellement renouvelable si le demandeur d'emploi montre de la bonne volonté dans ses recherches. Une troisième année pourra être encore accordée sous certaines conditions. Après deux ou trois années maximum, si le demandeur n'a toujours pas retrouvé d'emploi, alors il devra malheureusement accepter une allocation de solidarité.

En contre partie de cette avancé sociale les entreprises auront le droit de licencier sans avoir à se justifier vis-à-vis de la loi.

C'est simple, clair, net, juste, raisonnable et efficace...







2 commentaires:

BENISSA a dit…

Dans le système actuel comme dans le système que tu préconises, ce qui est indispensable, c'est le contrôle, pour vérifier les conditions requises (tu parles de bonne volonté dans les recherches) afin de limiter les abus et les fraudes.
hélas ce n'est pas le cas aujourd'hui: les chômeurs n'ont plus besoin de pointer, ni de rencontrer un conseiller, tout se fait par internet et il suffit de se faire mettre un tampon par des relations pour faire croire que l'on cherche un boulot: une de mes amies licenciée pour fermeture de la librairie Majuscule et qui connaissait bien les commerçants d'à côté a fait çà tranquillement pendant des mois...
Parle un peu autour de toi: TOUT LE MONDE connaît des chômeurs qui touchant leur allocation et bénéficiant des avantages qui vont avec, travaillent au noir et n'ont aucune envie d'avoir un travail "officiel" çà en fait du monde qui fait çà: j'en connais personnellement y compris dans ma famille!
Il y a aussi bien sûr, ceux qui perdent leur boulot à un âge critique, qui ont un problème de santé et qui ne retrouveront jamais rien... pour beaucoup c'est le début de la fin...
Par contre, je connais plusieurs personnes qui ayant RÉELLEMENT besoin de travailler, ne sont JAMAIS au chômage: elles cumulent plusieurs petits boulots différents, prennent tout ce qu'elles trouvent (distribution de prospectus, ménage, plonge dans des bistrots, remplacements à la poste, aide à des personnes âgées). Ils ont des gosses à nourrir et n'imaginent même pas de rester à rien faire. Même si ce n'est pas leur formation, ils prennent n'importe quoi du moment que c'est payé. J'admire leur courage.
Il faut faire le ménage dans tout çà pour faire la différence entre les uns et les autres.
Mon fils est resté un an sans emploi et sans toucher le moindre centime... çà aussi je connais de près.
Notre système ne vaut rien.
Celui que tu évoques demande aussi des contrôles... seront-ils faits? j'en doute car Pôle Emploi ne sert à rien.... quant à permettre aux patrons de licencier sans justification, tu plaisantes? là aussi c'est la porte ouverte aux abus!
Que l'on facilite les licenciements et l'embauche serait certainement profitable, mais aucun justificatif de licenciement, là, tu vas loin!!!

Anonyme a dit…

Benissa a raison ! Quand on veut travailler on peut ! Suffit de se "mouiller". Et de faire "n'importe quel travail" ! Les cumulations de boulots sont de plus en plus fréquents. Je connais une personne qui rentre tous les mois de Londres, pendant 4 jours, pour voir sa femme et sa fille en bas âge. C'est dur pour eux, mais ils préfèrent cela que de vivre dans la précarité. Il est devenu serveur à 45 ans ! Son avantage ? Sa motivation, en plus de savoir parler la langue de Shakespeare. Il était cadre commercial, il est passé par la cause chômeur son orgueil d'homme l'a incité à être serveur et alors ? Suis fière de cet homme !